Google, pas si juste que ça !

Un marché de 100 millions d’internautes, c’est très tentant et ça peut pousser à accomplir certains sacrifices. C’est en tout cas l’avis des dirigeants de Google qui, pour conquérir le marché chinois, ont du faire quelques concessions.

Déjà en 2004, Google révélait sur son blog qu’il avait décidé d’exclure de son service d’actualité chinois toutes les sources auxquelles les autorités chinoises interdisaient l’accès. Cette décision déclencha évidemment de vives protestations, notamment de la part de Reporters sans frontières. Le comble est que Google News China n’est pas censurée par le gouvernement de Pékin, qui n’en a même pas fait la demande, mais par les dirigeants de Google eux-mêmes. Le moteur de recherche filtre lui-même les actualités politiques pour éviter certainement de se retrouver lui-même banni.

C’est en janvier 2006 que Google s’attire les foudres des défenseurs des droits de l’homme : la société du Mountain View annonce le lancement de son moteur de recherche dans une version chinoise, Google.cn. Les dirigeants de Google comptent ainsi gagner du terrain sur leurs principaux concurrents dans ce pays : Yahoo et Baidu.com. Cependant, pour entrer sur le marché chinois, Google a accepté de se plier aux règles de Pékin et d’exclure de ses résultats les sites considérés comme « interdits » par le gouvernement. Ainsi, les internautes chinois n’ont, par exemple, pas accès à des recherches comme « massacre de Tiananmen », « réforme politique », « droits de l’homme » ou encore « indépendance taïwanaise ». De plus, ces pratiques inacceptables de Google en matière de censure ne se limitent pas à la Chine, mais elles s’étendent également à d’autres régions du monde : Google entre, de plus en plus,  dans de nouveaux marchés où la situation en matière de libertés et droits de l’homme est tout aussi épineuse.

Google a annoncé que l’autocensure est nécessaire pour faire des affaires en Chine. L’entreprise, qui va à l’encontre de sa mission, fait preuve d’une certaine bonne volonté, notamment en avertissant les utilisateurs lorsque des informations sont censurées. Il n’en reste pas moins que cette forme de censure est en contradiction avec les principes fondamentaux de Google et sa devise « Don’t be Evil ». Les dirigeants de Google se sont défendus en déclarant que « si le retrait de résultats de recherches est contraire à la mission de Google, ne pas fournir d’information est davantage contraire à notre mission ! ».

De nombreux organismes se sont soulevés contre Google lors de cette annonce. Reporters Sans Frontières a fermement condamné cet acte et a déclaré que « le lancement de Google.cn marquera un jour noir pour la liberté d’expression en Chine ». Amnesty International s’est aussi exprimé par rapport à cette déclaration et propose même sur son site un modèle de lettre à envoyer aux dirigeants de Google.

Cet épisode montre que Google, bien qu’affichant des idéaux des plus humanistes, peut céder à la tentation dans un but uniquement commercial. Si les dirigeants ont pu ainsi se plier à la pression d’un gouvernement pour accéder à un nouveau marché, tout porte à croire qu’ils pourraient à nouveau oublier leurs principes fondamentaux et, par exemple, sous la pression de riches entreprises, modifier l’ordre des résultats dans leur moteur de recherche. Heureusement, nous n’en sommes pas encore là, mais il est important de rester prudent face à cette société qui se dit, depuis ses débuts, philanthropique.

www.amnesty.fr/index.php?/amnesty/agir/actions_en_cours/chine/actions/repression_sur_internet/google_ne_censure_pas

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